En 1789, le
vert aurait pu figurer sur les emblèmes de la Révolution comme, trois siècles
plus tôt, la ceinture vert-espérance était apparue sur ceux du duc de Bourbon.
Sauf que les hommes de 89 se sont aperçus que le vert était aussi
associé à la maison du comte d'Artois, fieffé réactionnaire et futur
Charles X !
C'est le
lot de toutes les couleurs que d'être susceptibles d'interprétations diverses.
Toutefois une particularité du vert est qu'il se révèle spécialement
instable. Les teinturiers, d'ailleurs, ont longtemps eu toutes les peines du
monde à le fixer. En conséquence, au Moyen Age, il pouvait être tour à
tour tentateur ou bienveillant, associé au péché mais tout aussi bien à la
jeunesse qui, chacun le sait, a « du vert derrière les oreilles ».
Son
ascension, longtemps incertaine et contrariée, est manifeste aujourd'hui.
Il est bien porté de l'afficher mais comme une idéologie, à la façon du rouge
d'autrefois dont on attendait aussi qu'il sauve le monde. Si l'historien
laisse de côté le messianisme et qu'il en reste au strict
registre des couleurs, il constate cependant que le vert n'est le préféré
que d'une personne sur cinq ou six, bien loin derrière le bleu !
Michel
Pastoureau
vient de faire paraître « L'Histoire de la couleur verte » (Ed. Le Seuil).
Cet historien naît le 17 juin 1947 à Paris où il baigne dans la culture des surréalistes dont
son père fait partie. Passionné d'histoire et de latin, Il fait ses études à
l'Ecole Nationale des Chartes. Il y soutient une thèse sur le bestiaire
héraldique au Moyen Âge. Historien, archiviste-paléographe, il est Conservateur
à la Bibliothèque Nationale de 1972 à 1983, au Cabinet des Médailles de 1975
à 1983 et directeur d'études à l’École Pratique des Hautes Etudes (EPHE-4ème
section) depuis 1983. Ses premiers travaux portent sur l'histoire des emblèmes
et les domaines qui s'y rattachent : héraldique, sigillographie et
numismatique. Il a publié une quarantaine d'ouvrages, dont certains traduits
dans plusieurs langues, consacrés à l'histoire des couleurs, des animaux et des
symboles. En 2010, il reçoit le prix Medicis pour son ouvrage Les couleurs de nos souvenirs.
Ecouter une présentation de ses travaux « Le vert, histoire d’une couleur » sur France Inter (cliquer sur le titre en vert...).
En illustration : Les trois Corps-Vert par Catherine Mazarguil / Acrylique sur toile - 40 cm x 40 cm et Dessert par Willem Claeszoon Heda : Huile 1637 / Musée National de Varsovie.
Un stage "Aux Sources de la Création : LA PUISSANCE DES COULEURS" se déroulera à l'Atelier du 20 au 24 Avril 2014. Renseignements, descriptif, inscriptions : www.laurier-rouge.com ou 03 25 70 69 35.